Les certificats nominatifs d’obligations (CNO) : un aperçu des émissions 2020‑2024

Un certificat nominatif d’obligation, ou CNO, est un titre de créance émis directement par l’État auprès d’investisseurs institutionnels ou d’entreprises. Concrètement, l’État emprunte de l’argent et remet en échange ces certificats, qui portent un montant, une durée et un taux d’intérêt déterminés à l’avance. Les porteurs de CNO perçoivent ainsi des coupons périodiques (intérêts) jusqu’à l’échéance, date à laquelle le capital leur est restitué. Ce mécanisme permet au gouvernement de diversifier ses sources de financement en complément des emprunts bancaires classiques.
Entre 2020 et 2024, le Sénégal a massivement mobilisé ce dispositif en émettant 546,70 milliards de FCFA de CNO en faveur de personnes morales, loin du montant classique d’une levée souveraine. Cette enveloppe comprend notamment des opérations non adossées à des prêts bancaires, ce qui en fait une source de financement plus directe et parfois plus flexible pour l’État. Parmi les grands bénéficiaires figurent la Banque de Développement du Sénégal (176,46 milliards FCFA), Locafrique (122,39 milliards FCFA) et Coris Bank (100,29 milliards FCFA).
Si ces émissions ont permis de répondre rapidement aux besoins de trésorerie et de couvrir divers projets de développement, elles génèrent une charge financière significative. Au total, près de 59 milliards de FCFA d’intérêts sont dus au titre de ces CNO, dont 4,23 milliards déjà payés et 53,99 milliards restant à verser. Cette lourde facture met en exergue l’importance de veiller à la rentabilité des investissements financés et à l’équilibre budgétaire à moyen terme.
L’enjeu pour le Sénégal est désormais de tirer pleinement parti de ces fonds tout en limitant l’alourdissement de sa dette. Pour cela, il est crucial d’instaurer un suivi transparent des projets cofinancés via les CNO, d’évaluer régulièrement leur impact économique et social, et de bâtir un calendrier de remboursement réaliste. Ainsi, ce mécanisme pourra constituer un levier efficace pour soutenir la vision Sénégal 2050, sans compromettre la soutenabilité des finances publiques.